Saviez-vous qu’environ 50 % de la planète parle plus d’une langue ?

Je suis moi-même trilingue, maman d’enfants bilingues, et je dirai qu’en moyenne au moins 50 % de ma clientèle est aussi bilingue. J’aimerais vous présenter les grandes lignes concernant le bilinguisme pour guider vos réflexions quant à l’intervention auprès des enfants bilingues étant donné le fort besoin qui se fait ressentir de ce côté. Pour ce faire, il est important de bien comprendre les différentes définitions qui entourent le bilinguisme.

Quelques définitions liées au bilinguisme.

Langue majoritaire: Quand on parle de langue majoritaire, cela fait référence à la langue d’enseignement ou la langue de la communauté, donc celle qui est le plus utilisée dans la communauté. Ici, au Québec nous en avons deux : le français et l’anglais, qui sont toutes les deux des langues majoritaires.
Langue minoritaire: Quand on parle de langue minoritaire, il s’agit de la langue qui n’est pas celle de la communauté et qui a donc un statut inférieur (par exemple, l’espagnol au Québec).

Il n’y a pas de catégories distinctes entre ce qui est considéré comme une langue minoritaire vs. une langue majoritaire, car elles sont plutôt situées sur un continuum. Dans cette optique, par exemple au Canada, bien que le Mandarin soit une langue minoritaire au pays, à Vancouver, il y a une plus grande communauté de chinois parlant le mandarin. Cette langue n’est donc pas tout au bout du continuum.

Langue dominante : La langue dominante fait référence à la langue qui est la mieux maîtrisée par l’apprenant.
Dans le cas d’un enfant bilingue, la L1 fera référence à la première langue qui est introduite, et dans la plupart des cas est aussi langue dominante
La L2, à la langue qui est peut-être moins bien maîtrisée.

N’oubliez-pas le bilinguisme est COMPLEXE et en constante évolution.

L’enfant bilingue n’est PAS l’équivalent de deux enfants monolingues en un. Le bilingue n’apprend pas 2 fois à parler, à lire ou à écrire. D’ailleurs, il importe de recueillir des informations sur les apprentissages linguistiques de chaque profil d’enfant, car ils sont distincts les uns des autres, présentent des défis uniques et se développent différemment sur le plan linguistique.

Les différents profils bilingues et pourquoi c’est important de connaître le profil de l’enfant.

Il existe deux types de profil de développement du bilinguisme, le bilinguisme simultané et le bilinguisme séquentiel.

Bilingue simultané : Les bilingues simultanés qui ont acquis leurs deux langues avant l’âge de 3 ans.
Certains ont deux langues avec un statut supérieur dans la communauté, comme moi qui parle le français et l’anglais au Québec.
D’autres ont une langue minoritaire ou encore deux langues minoritaires.

Bilingue séquentiels : Les enfants bilingues séquentiels développent leur L2 après 3 ans, selon plusieurs chercheurs.
Certains ont une langue majoritaire comme L1 et sont ensuite scolarisés dans une autre langue majoritaire ou encore dans une langue minoritaire.
L’autre type de bilingue séquentiel est celui qui a une langue minoritaire en L1 et ensuite est scolarisé dans la langue majoritaire.

Maintenant, pourquoi ces définitions ou ces concepts sont-ils importants ? Car le statut de chaque langue dans la communauté ainsi que l’histoire développementale socio-linguistique de l’enfant nous permet de mieux prédire et ajuster nos attentes sur le développement de ses habiletés linguistiques. Elles nous permettent aussi de nous guider dans notre choix d’intervention et du support offert à la famille.

Facteurs considérés comme prédictifs des habiletés langagières chez les bilingues.

L’âge d’acquisition est le premier facteur, comme nous venons d’en discuter.
Le deuxième facteur est le temps d’exposition à chaque langue et ce depuis combien de temps.
Le troisième facteur est la quantité d’exposition à chaque langue.
Une des données qui ressort dans la littérature, c’est que l’enfant doit être exposé au moins 40% du temps à une langue pour que son vocabulaire réceptif atteignent le niveau de vocabulaire d’un enfant monolingue.

Peu importe à quel moment l’enfant arrive dans votre bureau et dans quel contexte, il est important de recueillir les informations sur le cheminement ethnolinguistique de l’enfant.

N’oubliez pas que les parents sont vos meilleurs alliés et sont une source riche d’informations. La famille joue un rôle primordial dans l’évaluation et dans l’intervention. Les différences entre les deux types de locuteurs, monolingues vs. bilingues, sont intimement liés avec la culture, la quantité, la qualité, l’âge d’exposition à chaque langue, ainsi que des facteurs plus subtiles et complexes. On ne peut pas départager, le lien entre l’appartenance culturelle et le développement linguistique de l’enfant.

Il faut aussi être conscient que nos connaissances reflètent également notre culture. Nous avons une approche et des stratégies occidentales, mais il faut reconnaître la diversité culturelle, et que notre approche ou nos stratégies ne sont pas universelles.

De mon côté, j’élabore un plan concret avec les familles pour qu’elles maintiennent la langue maternelle. Celle-ci soutient l’apprentissage de la deuxième langue et est importante pour le bien-être socio-affectif et l’identité de l’enfant. En effet, être bilingue peut AIDER l’enfant ayant un trouble de communication ou un enfant qui se développe typiquement en lui fournissant des ressources dans une autre langue pour faciliter sa communication.

Ressources disponibles pour l’intervention et moyens à favoriser.

Comment est-ce que je peux aider l’enfant si sa langue dominante n’est pas le français?

D’abord, il importe de savoir quels sont les objectifs de la famille et de faire le lien avec les forces de l’enfant, ses difficultés et ses besoins. Si j’ai bien recueilli les croyances culturelles, les habitudes de communication et les routines familiales de la famille, je serais mieux outillée à développer un plan d’intervention en partenariat avec les parents de façon à avoir plus de succès en intervention.

Notre rôle, c’est de bien expliquer aux parents l’importance de maintenir la langue maternelle (L1) et élaborer un plan pour le maintien de la langue maison. Ces familles auront tendance à vouloir se “concentrer” davantage sur la langue de scolarisation.

Durant l’intervention, il faut voir à inclure le plus possible les deux langues, ou à mettre une attention particulière sur la langue dominante, lorsque c’est possible.

Pourquoi la langue dominante ? Les nouvelles informations seront mieux comprises par l’enfant et les gains au niveau du langage peuvent être plus fonctionnels et significatifs. C’est pourquoi il importe de ne jamais encourager les familles à abandonner leur langue maternelle.

comment évaluer ou intervenir auprès d’un enfant dans sa langue maternelle ?

J’utilise un interprète: Vous pouvez vérifier si vous pouvez avoir accès à un interprète. Si ce n’est pas possible, essayez d’avoir accès à un membre de la famille ou encore à quelqu’un de votre entourage qui parle la langue. Le but est de multiplier les opportunités pour cet enfant.

Suffisamment d’exposition: Ensuite, si je ne suis pas certaine que l’enfant ait eu suffisamment d’exposition à la langue (40 %) pour poser mon diagnostique, et que j’ai des inquiétudes, je peux quand même agir et intervenir selon ce qui est rapporté par la famille. Je peux élaborer un plan de match avec l’enseignement et la famille pour voir quelles sont les opportunités d’augmenter l’exposition aux langues à 40 % pour chacune.

Il est bien démontré dans la littérature que le bilingue séquentiel (l’enfant qui apprend la langue majoritaire au moment de la scolarisation) peut atteindre des niveaux équivalents au monolingue vers la fin du primaire. Cependant, certains domaines tels que la phonologie et la macrostructure narrative sont acquis plus rapidement, d’autres sphères telles que les morphèmes grammaticaux, la taille du vocabulaire conceptuel, et la sémantique peuvent prendre 6 ans ou plus avant d’être acquises.

***Si vous êtes intéressé à en connaître plus sur l’intervention auprès des enfants bilingues je vous annonce que la LISTE D’ATTENTE est maintenant ouverte pour mon atelier en direct sur 4 modules en direct : “L’ENFANT BILINGUE INTERVENIR EFFICACEMENT”

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