Pour cette semaine québécoise du trouble développemental du langage (TDL) je te partage des informations précieuses dans le but d’aider mes collègues à être mieux outillés pour éviter de sur-identifier ou de sous-identifier des allophones, bilingues, ou plurilingues.

Identifier les difficultés langagières chez les enfants bilingues et allophones

L’identification et le dépistage des difficultés langagières chez les enfants bilingues ou allophones peuvent être complexes, car des mythes persistants peuvent conduire à une sous-identification ou à une sur-identification de ces difficultés. Il est crucial de dissiper ces mythes pour une prise en charge appropriée.

Tout d’abord, il est important de noter que les enfants bilingues d’âge préscolaire ne sont pas à l’abri de présenter un trouble développemental du langage (TDL) tout comme les enfants monolingues. Il n’y a pas une incidence plus élevée de TDL chez les enfants bilingues ou allophones par rapport aux enfants monolingues. Par conséquent, il est essentiel de ne pas présumer que les difficultés langagières sont simplement liées à l’exposition à plusieurs langues.

Caractéristiques à prendre en compte

Pour aider à différencier les difficultés langagières normales de celles qui nécessitent une intervention, il est utile de connaître certains repères. Les enfants qui acquièrent une langue seconde peuvent présenter des caractéristiques telles que des difficultés d’attention et de concentration, une préférence pour les gestes plutôt que le langage verbal, de la désorganisation et de la confusion, des difficultés à suivre des consignes, un besoin de répétition fréquente, des difficultés à utiliser un vocabulaire précis et des énoncés de longueur moyenne trop courte. Cependant, il est important de noter que ces caractéristiques ne sont pas exclusives aux enfants bilingues et ne peuvent pas être utilisées comme seuls indicateurs d’un trouble langagier.

Signaux d’alarme pour une evaluation approfondie

Il existe également des signaux d’alarme qui pourraient justifier une investigation approfondie. Par exemple, une histoire familiale de troubles du langage ou d’apprentissage, des difficultés à acquérir le langage à une vitesse normale, même avec l’aide d’un adulte, des difficultés de communication au sein de la famille, des difficultés à interagir avec des pairs de la même culture ou origine, et des habiletés socio-pragmatiques inappropriées (telles que la prise de tour, la théorie de l’esprit et la communication non verbale). Ces caractéristiques atypiques peuvent être des indicateurs de véritables troubles langagiers et nécessitent une évaluation plus approfondie. De plus, les enfants présentant un TDL auront des difficultés persistantes sur le plan de la grammaire, dans leur habileté à raconter des histoires, dans l’acquisition de nouveaux mots de vocabulaire, et plus. Ces difficultés vont se manifester dans TOUTES les langues.

Il est important de souligner que notre travail en tant qu’orthophoniste nécessite toujours une nuance dans l’interprétation des informations et l’utilisation de notre jugement clinique. Chaque enfant est unique et mérite une évaluation complète et individualisée, particulièrement si une inquiétude parentale se présente.

Ressources utiles pour les professionnels

Pour aider les professionnels dans le dépistage des difficultés langagières chez les enfants bilingues ou allophones, il est essentiel de se tenir informé des connaissances actuelles en matière d’évaluation et d’intervention. Je te propose d’aller télécharger la grille d’observation de la communication pour les enfants âgés de 0 à 5 ans. Cette grille, disponible en anglais et en français inclut également les indicateurs de difficulté chez les enfants bilingues et peut être utilisée à titre de dépistage. Notez également qu’il est toujours recommandé d’investiguer davantage pour toute inquiétude parentale.

 grille pour aider les professionnels dans le dépistage des difficultés langagières

En résumé, il est essentiel de ne pas sous-identifier ou sur-identifier les difficultés langagières chez les enfants bilingues ou allophones. En dissipant les mythes persistants et en utilisant une approche nuancée basée sur notre jugement clinique, nous pouvons assurer une prise en charge adéquate et individualisée pour ces enfants, et aussi aider les éducatrices, enseignants, et tout autre professionnel qui entoure l’enfant à mieux se situer par rapport à la présence de différence langagière versus des difficultés réelles.

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