L’été tant anticipé suscite souvent des questionnements et des inquiétudes de la part des familles d’enfants qui présentent un trouble développemental du langage. Nous savons que, pour ces enfants, l’orthophonie est bénéfique, même nécessaire, et qu’il y a des efforts à mettre dans chaque langue. Mais il faut également savoir reconnaître le bon moment pour prendre une pause et quel meilleur moment de le faire que l’été. D’autre part, plusieurs familles prennent des vacances souvent prolongées pour retourner dans leur pays d’origine. Peu importe la raison du congé, c’est un MUST pour laisser la place aux acquis de se consolider, et également enlever la pression aux familles. Alors dans l’optique de laisser aller les choses et aussi de donner les bons conseils aux familles voici mon top conseil :

→ SE CENTRER SUR LA LANGUE MAISON/MINORITAIRE PENDANT L’ÉTÉ

Pendant l’année scolaire, la stratégie est souvent de cibler la langue majoritaire auprès de l’enfant auquel on travaille, car il est rare de parler nous-mêmes la langue minoritaire. Bien sûr que nos interventions doivent soutenir également la langue maison, mais ce, souvent par le biais des familles. Alors nous ciblons les mêmes objectifs, mais chacun dans sa langue.

Cependant, l’inquiétude de “perdre” des acquis dans la langue de scolarisation/majoritaire est présente autant du côté des professionnels que des familles. Par contre, il faut éviter de conseiller aux familles de “travailler” la langue majoritaire pendant les vacances, car ceci va à l’encontre de la littérature scientifique, particulièrement pour les parents qui ne maîtrisent pas bien la langue majoritaire. Il y a de nombreuses répercussions qui découlent de ce conseil :

  • Si le parent ne parle pas dans sa langue minoritaire, l’enfant pourrait arrêter de se servir de cette langue et ceci a des impacts sur sa culture, et le développement de son identité personnelle;
  • Ensuite, si l’enfant diminue son usage de sa langue maison il sera moins habile dans cette langue, et ainsi se sentira moins à l’aise. Il peut donc perdre le désir de s’en servir ce qui a des conséquences importantes sur le bilinguisme et l’interdépendance des langues;
  • L’usage d’une langue non maîtrisée par le parent a également un impact significatif sur la relation familiale. Si le parent communique peu ou pas dans la langue majoritaire, ceci peut avoir de graves conséquences telles que:
    • l’incapacité de socialiser avec son enfant;
    • l’incapacité de léguer ses coutumes familiales, ses valeurs, et ses croyances culturelles

Finalement, si le parent se sert d’une langue qu’il maîtrise moins bien, forcément il va produire des énoncés plus courts, moins élaborés, possiblement parsemés d’erreurs grammaticales, et employer un vocabulaire moins riche.

Alors le message le plus important, c’est de faire comprendre aux familles les bénéfices de parler et maintenir leur langue maison.

Pendant l’été, l’important est de se focaliser sur une langue, quelle que soit la langue. Il faut également qu’ils sachent que même s’il y a une légère régression dans certains acquis de la langue majoritaire, l’enfant se retrouvera baigné dans cette langue à nouveau à la rentrée scolaire et qu’il se rattrapera rapidement. 

Si les parents vous demandent des suggestions d’activités, pourquoi ne pas proposer des images sans texte comme dans ce cherche et trouve de l’été que vous pourrez télécharger dans la zone d’outils gratuits. C’est une suggestion parmi de nombreuses autres possibilités qui permettent justement de cibler du vocabulaire dans une langue, et ensuite de transférer les acquis à la langue majoritaire en revoyant les mêmes images au retour de vacances.

Mélissa Farkouh

Ton orthophoniste alliée en bilinguisme

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