Pour de nombreuses familles, avoir un enfant bilingue ou encore trilingue n’est pas un choix, mais bien une nécessité. Prenons par exemple l’enfant arrivant au Canada avec des parents qui ne parlent qu’une langue minoritaire. Dans ce cas, l’enfant et la famille sont dans une situation où il est nécessaire de maintenir la langue maison tout en apprenant la langue majoritaire du pays d’accueil. Ceci serait un exemple de bilinguisme additif.

Qu’est-ce que le bilinguisme additif?

C’est lorsque la première langue (L1), souvent une langue minoritaire, est soutenue lorsque la L2, souvent une langue majoritaire, est introduite (par exemple nos programmes d’immersion français)

C’est notre objectif en tant que professionnels, mais il n’est pas facile de se retrouver dans ce genre de situation pour plusieurs raisons, si la L1 est une langue minoritaire. Les familles issues de diversité linguistique et culturelle font souvent face à de nombreux questionnements, et souvent des conseils qui vont dévaloriser la langue maison, ou simplement mettre l’accent sur la langue majoritaire. Les conseils sont souvent véhiculés par des mythes tenaces qui perdurent quant à l’acquisition d’une langue seconde ou tierce, ce qui fait en sorte que les familles peuvent abandonner l’usage de leur langue d’origine. Dans ce cas, l’enfant pourrait rapidement se retrouver en situation de bilinguisme soustractif.

Qu’est-ce que le bilinguisme Soustractif?

Chaque langue possède un statut socio-linguistique. Lorsque les deux cultures reflètent des traditions et des croyances différentes, il peut y avoir tendance pour la perte de la langue avec le statut inférieur, souvent la langue minoritaire. Ainsi, ceci peut faire en sorte qu’une langue qui est considérée majoritaire (avec le plus haut statut dans la société) sera maintenue au détriment de la langue qui est considérée minoritaire. Cette perte de langue minoritaire ou de la L1 est ce qu’on appelle le bilinguisme soustractif, lorsque l’enfant qui commence à acquérir la L2, souvent une langue majoritaire, cesse de développer sa L1, et ceci peut avoir de nombreuses conséquences négatives sur l’enfant et sa famille telles que:

  • L’enfant pourrait arrêter de se servir de sa langue maison (L1 – minoritaire) et ceci est une question d’attitude envers la langue, la culture, et le développement de son identité personnelle (ex: si un enseignant ou une éducatrice, ou n’importe qui d’important dans la vie d’un enfant lui dit qu’il faut parler le français et non la langue X, la langue X peut être alors mal perçue par l’enfant).
  • Si l’enfant diminue l’usage de sa langue maison, que va-t-il arriver? Il sera moins habile dans cette langue, et se sentira moins à l’aise. Il peut donc perdre le désir de s’en servir, et ceci a des conséquences importantes sur le bilinguisme → manque de maîtrise dans L1 et L2 et ainsi pas de bénéfices cognitifs dérivés.
  • Le parent ou tuteur peut lui aussi réduire sa fréquence d’usage de la langue minoritaire pour favoriser la langue de la communauté. Ceci aura aussi un impact sur le développement linguistique chez l’enfant selon son âge et son background ethnolinguistique.
  • La perte de la langue maison a aussi un impact significatif sur la relation familiale, particulièrement lorsque le parent communique peu ou pas dans la langue majoritaire. Il ne maîtrise pas lui-même la langue, et ceci peut avoir de graves conséquences telles que :
    • Incapacité de socialisation avec son enfant;
    • Incapacité de léguer ses coutumes familiales, ses valeurs, et ses croyances culturelles;
    • Une exposition langagière moins riche (si c’est le parent qui tente de parler la langue majoritaire)

    Notre travail auprès des parents, c’est de les informer sur le développement de la L2. Il faut les rassurer et susciter un cadre favorable à l’apprentissage d’une langue seconde, tout en maintenant la langue maison. Nous devons alors établir un plan pour :

    • Valoriser les deux langues
    • Fournir un bain de langage suffisant dans les deux langues
    • Multiplier les contacts
    • Ne pas abandonner la langue maternelle pour favoriser l’émergence de la langue seconde. N’oubliez pas : plus le niveau en L1 sera élevé, le mieux les capacités se développeront en L2

    De plus, être bilingue peut AIDER l’enfant ayant un trouble développemental du langage autant qu’un enfant qui se développe typiquement en lui fournissant des ressources dans une autre langue pour faciliter la communication. Il est donc crucial de considérer l’interprétation de la famille par rapport à la communication de leur enfant, et leur ressenti lorsqu’on se questionne quant à la présence de difficultés langagières chez l’enfant. D’ailleurs, voici un article publié dans X qui parle des bénéfices du bilinguisme chez les enfants présentant des troubles développementaux.

    Si tu es un.e orthophoniste cherchant à te former sur la prise en charge (évaluation et intervention) chez l’enfant bilingue ou allophone, tu peux tester tes connaissances à ce sujet en suivant gratuitement le quiz que j’ai créé juste pour toi. CLIQUE ICI POUR FAIRE LE QUIZ.

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